Il en va du chien comme de l’homme... que penser de l’un, que penser de l’autre ? Un livre d’aphorismes drôles ou tendres pour ceux qui aiment les êtres canins.

EXTRAIT

“« On choisit des chiens qui nous ressemblent », affirme C. flanqué de son magnifique chien-loup, à ma vieille voisine qui sort Bobby, son affreux petit bâtard, et qui ne semble pas convaincue.

Le chien-loup de C. est si rapide qu’on le voit derrière soi, puis devant, sur le côté, à nouveau derrière, sans jamais s’y attendre. Une meute à lui seul.

Essoufflé, C. court avec son chien-loup dans la forêt. Me croisant il s’accorde une pause pour souffler. « Pourtant j’ai toujours couru avec mon chien », me dit-il. Avant, il avait un teckel.”

ISBN 9782851220516

Imaginaire n°586
lundi 25 décembre 2023
inspirée par
“Promenades avec chiens”
d’Olivier Hervy
 
L’empathie, c’est sans doute le lait de la vie.
 
UNE RENCONTRE
 
— Lou, va voir par là, j’ai cru entendre...
— Quoi Fred ?
— Je sais pas, comme un bruit sourd.
Lou court vers l’endroit indiqué dans ce bois aux arbres silencieux.
Quand il arrive, il découvre, caché par des feuilles mortes, un lange qui emmaillote un bébé.
Stupéfait, il s’approche doucement et retire avec délicatesse un pan du tissu.
Aussitôt, au lieu de pleurer ou de crier, le poupon lui sourit en babillant joyeusement.
— Oh ! sourit Lou.
— Qu’y a-t-il ?
— Un petit, un tout petit.
Fred, curieux de voir ça, rejoint son compagnon.
— Que peut bien faire un bébé dans ce bois ?
— Comment veux-tu que l’on sache. Sans doute abandonné par des parents malhonnêtes.
— Ou désespérés.
Fred, le plus vieux et sage des deux amis, se saisit du morceau de linge, très précautionneusement. Et voilà les deux compères courant dans le bois.
— Regarde Fred ! Une maison.
Lou réussit à ouvrir la porte en la poussant. Fred dépose son “paquet” sur un vieux fauteuil à bascule poussiéreux dans cette cabane oubliée.
— Il faudrait le nourrir ce petit, Lou.
— Tu crois qu’on trouvera quelque chose ici ?
— Si tu cherches pas, tu trouveras pas, lui rétorque gentiment son aîné.
Lou, toujours prêt à servir, se met à la recherche de quelque chose à donner au petit.
Sous une table, dans la cuisine, par miracle, il y a une bouteille de lait. N’y croyant d’abord pas, il réussit à la prendre en la faisant rouler à lui.
— Extraordinaire, Fred... j’ai trouvé une bouteille de lait.
— Apporte-la, il y a un récipient ici... je viens de le nettoyer.
Ayant apporté la bouteille, et réussit à l’ouvrir ; il fait couler le liquide blanc dans l’écuelle.
Fred, méfiant tout de même, renifle pour déterminer s’il est bon. Satisfait, il se saisit du rejeton et le pose à côté du bol remplit de lait.
— Tu crois qu’il va boire ? demande inquiet, Lou.
À cet instant précis, une main pousse la porte de la bicoque. Un homme et une femme apparaissent. Ils ont l’allure de campeurs ; et ce qu’ils voient les surprend autant que les deux chiens aux côtés du marmot à quatre pattes devant le récipient de lait. Il commence à laper, retrouvant un souvenir ancestral partagé par bien des êtres.
— Regarde Annie !
La femme se précipite vers le bébé sans que les chiens ne bougent.
Lou regarde intensément le visage de cette femme. Puis, se tournant vers son copain.
— Tu crois qu’ils vont bien s’en occuper ?
Fred ne répond rien. Il passe à côté de l’homme, tourne la tête vers Lou.
— Viens, laissons-les avec le petit.

Puis, levant les yeux sur l’homme.
— C’est Noël !