Isabelle s'offre aux hommes avec plaisir et abnégation, elle n'a aucun tabou, ni vertu déplacée. Isabelle aime le sexe et le raconte dans ce “Journal”.

EXTRAIT



“[...] Je lui montrai donc le cabanon-toilette.
Pendant qu’il y allait, j’avais remarqué un truc dans l’herbe, je me baissai pour le ramasser, quand j’entendis le type me dire « tu veux goûter ? » Il avait sa bite à la main et n’avait pas encore commencé à pisser.
J’étais surprise de sa demande, plus parce que je ne m’y attendais pas, que par dégoût, j’ai toujours pensé qu’il fallait assumer ses “vices”.
Je regardai sa queue tendue, ce qui me permit de donner une réponse à ma première interrogation : il avait bien envie de moi et sa façon de me regarder lorsque j’ai servi les cafés était en effet du désir.
Je me décidai en un instant, et me mis en position pour recevoir ce qu’il désirait m’offrir.
C’est le bruit que fit la porte de jardin de la librairie qui m’empêcha de biberonner au chibre.”

ISBN 9782851221148

Imaginaire n°623
mercredi 20 mars 2024
inspirée par
“Le journal d'Isabelle”
d’Isabelle Ghn
 
La prescience reste un mystère.
 
UN ANCIEN RÊVE
 
Jorge Sanchez da Rivera est un petit boutiquier qui vend de vieux livres dans sa vieille camionnette des années 60. Un vieux machin bleu ciel avec des fleurs aux pétales blancs et un magnifique pistil mauve, jaune ou rouge.
Jorge était en ce beau mois de juin 2019, sur les bords du Llobregat, au nord du lac artificiel de la Baells. Il venait de découvrir, il y a deux heures à peine, ce lieu qu’il avait vu en rêve quand il était enfant ; le monastère Saint-Sauveur de la Vedella.
Il s’était arrêté sur ce petit chemin forestier. Assis sur le pas de son véhicule, il a ouvert une bière allemande, ses préférées depuis son voyage avec ses hippies déjantés, dans la Ruhr.
Il tourna la tête et de loin il regarda ce gros ensemble de pierre qui surplombe le fleuve. Une masse imposante, presque inquiétante.
“Que me veut-elle ?” pensa-t-il, fiévreux.
Les yeux perdus entre la bâtisse qui semblait le narguer et ses souvenirs d’enfance.
Ça fait plus de quarante ans que cette vision le poursuit. Le visage long, sévère, maussade, de cette femme sans âge. “Qui est-elle ?” a été la question qui l’habitait depuis si longtemps. Et c’est là, alors qu’il allait vers Andorre pour un de ces petits salons du livre d’occasion, que de loin, il a vu le monastère. C’était pareil que dans ce rêve récurrent. La même image de ce lieu qui se transformait alors en visage, un visage de femme, et ce visage n’était autre ; il venait de le découvrir, celui... d’Isabelle la Catholique !
Pourtant il avait étudié l’Histoire, et souvent croisé les faits relatifs à cette reine sanguinaire. Mais son esprit ne l’avait jamais relié à ce rêve si tenace. Ce n’était que là... en présence de ce lieu, oublié de dieu lui-même, que l’évidence du rapport lui était apparu.
“Mais pourtant, il n’y a aucune trace du passage d’Isabelle dans la région...” Il se triturait l’esprit à essayer de se souvenir de ses lectures dans les archives. D’autant plus que la Catalogne était une principauté reconnue à l’époque, même si faisant partie de la couronne d’Aragon.
“Y aurait-il un rapport avec l’unification de 1469 ? Le mariage de Ferdinand II d’Aragon avec Isabelle de Castille ?”
“Il faut que j’y retourne”, cette pensée s’est imposée à lui comme une évidence.
Malgré tout, il fit d’abord quelques recherches avec son portable sur ce sinistre monastère. Il ne trouva que très peu de renseignements, même en catalan. La seule chose évidente, c’était que ce monastère perdit toute influence au XIVe siècle.

***

Il faisait nuit depuis peu quand Jorge poussa la porte d’entrée. Chose qu’il n’avait pas osé faire durant le jour. Là, à la lueur du seul écran de son portable, il pénétrait dans le bâtiment oublié. Il effraya juste quelques chauves-souris qui s’égayèrent bruyamment.
Il ne bougea plus, pensant qu’on aurait pu se demander pourquoi un tel raffut. Il était inquiet de nature, ce qui l’avait souvent protégé de quelques avanies... mais il en faisait quelquefois un peu trop. Ce n’est qu’au bout d’un bon quart d’heure qu’il se décida enfin à reprendre sa visite nocturne ; à pas de loup.
Il y avait un escalier sur la gauche en face de lui. Il monta à l’étage supérieur, comme poussé par une prescience. Bien que totalement vidé de mobilier, il sentait une présence. Pas une présence oppressante le moins du monde, mais ça le dérangeait quand même.
Sur le palier, il poussa la porte d’une pièce sur sa droite, et il entra directement, sans même y avoir réfléchi avant. C’est comme s’il en avait eu déjà l’habitude.
C’est à cet instant que le miracle se produisit.
Il était dans la même pièce, n’avait pas bougé. Pourtant, il faisait grand jour, le soleil étendait ses chauds rayons à travers les ouvertures. Il y avait une femme en face de lui, habillée comme à la renaissance espagnole. Une femme de condition. Il ne savait pas qui était cette dame-là.
— Père Jorge, ma maîtresse a toujours eu grande confiance en vous, lui dit-elle en souriant.
Elle avait devant elle, dans ses deux mains tendues vers lui, un sac en peau. Il s’entendit lui répondre.
— Que puis-je pour la reine, jeune Teresa ?
— Gardez par-devers vous ce qui se trouve dans ce sac, sans chercher à savoir ce qu’il y a. Il faut le sauvegarder. Notre bonne reine, qui est fort malade, reste recluse à Medina del Campo. Elle souhaite préserver des yeux indiscrets ce... cette chose.
— Il en sera fait ainsi, ma fille. Dites bien à Isabelle, notre très catholique reine, que son vœu est exaucé.
La jeune fille tourna les talons, fort élégamment, et s’en fut, tandis que lui, dans cette pièce, appuya sur l’une des pierres, qui fit pivoter un pan du mur d’à côté. Il appuya sur une autre.
“J’ai failli oublier les piqûres... une bonne protection que celle-ci. Le frère Javier a eu une bien belle idée” sourit-il.
Ayant pensé cela, il déposa le sac, sans l’ouvrir ou même vouloir l’ouvrir. Appuya de nouveau sur la première pierre qui ferma la cachette à tous.

***

Jorge reprit ses esprits. Le jour éclatant laissant la place à l’obscurité presque totale en un instant. Il faillit perdre connaissance.
“Mais c’était quoi ça ?” Il se grattait la tête.
Poussé toujours par le même esprit curieux et attiré par ce qu’il venait de voir de lui-même. Toujours silencieux, il se rapprocha d’un mur. Exactement le même mur qu’il venait de voir. Il appuya sur une pierre. Le souvenir du mot “piqûres” lui revint immédiatement, ne sachant rien d’autre, il se jeta à terre et entendit siffler des projectiles au-dessus de sa tête. “Ouf... quel con !” Il se releva et vit l’ouverture dans l’autre mur.
Il y avait une forme à l’intérieur de la cachette. C’était un gros sac en peau.
Il s’assit par terre. Ouvrir le sac. Sortit un énorme volume avec une superbe couverture de cuir rouge. Il tourna celle-ci et vit sur la première page, en une vieille écriture :
“El diario de Isabel de Castilla”.