Gazette n°545
mercredi 20 septembre 2023
inspirée par
“Cochonneries”
de Théophile Gautier
L’expérience de la découverte... un souvenir personnel de l’auteur, transposé en un ailleurs fictif.
TERRA INCOGNITA
Petit matin frais à Santiago, l’automne est déjà là, Javier, jeune adolescent de douze ans, ouvre un œil. Et soudainement il s’aperçoit qu’il n’est pas dans les bras de cette belle jeune fille nue, aux cuisses offertes... il a fait un rêve, un rêve si érotique que son sexe est toujours en érection.
C’est la première fois que ça lui arrive, ça lui fait bizarre.
“Est-ce que je suis normal ?” se questionne-t-il en regardant, hypnotisé, le membre droit et gonflé qu’il a dégagé de sa couette.
Il n’ose le toucher... “ça serait pêcher”, pense-t-il immédiatement. “Et que dirait le père Ignacio si je me laissais tenter par le diable ?”
— Javier !... Petit déjeuner, appelle sa mère depuis le rez-de-chaussée.
Toujours dans ses pensées contradictoires, subjugué à la vue de sa virilité nouvelle... il tarde à répondre.
— Javier ! C’est l’heeeeeure !
Extirpé de sa torpeur, il tourne la tête vers la porte, comme si l’ombre de sa mère devait se tenir à l’entrée.
— J’arrive, maman !
Mais sa main, cette fois, se lance à la cueillette de cette chose turgescente.
Lorsque le bout de ses doigts effleure la hampe, la belle étamine est secouée de soubresauts.
Il retire précipitamment sa main... mais il sent en lui une attirance surnaturelle à emprisonner dans sa paume cet être planté au bas de son ventre.
“Non ! Il ne faut pas... sinon je vais être damné, comme le dit le père Ignacio”, se reprend-il... ou tout du moins essaye-t-il de se contrôler. Mais, fixant toujours “ça”...
“Viens... prend-moi.”
C’est comme si l’être vibrant l’appelait.
— Javiiiiier ! crie sa mère, excédée.
Lui, la main à quelques centimètres de ses désirs, ne peut s’en empêcher ; Et alors qu’il ment à sa mère...
— Je suis en train de m’habiller !
...cette fois il attrape la chose, qui réagit immédiatement en se gonflant encore plus. Tellement, que ça lui fait presque mal.
Poussé par il ne sait quel atavisme, il embraye un mouvement de va-et-vient. Sa respiration devient difficile, mais c’est tellement agréable.
Il accélère le mouvement, porté qu’il est par ce désir nouveau. Cette “terra incognita”.
Il s’agite, contemplant le membre tendu, fasciné par la taille qu’il ne pouvait soupçonner. Il respire de plus en plus vite, au rythme de sa main... et en un instant sublime, un jet fantastique et formidable s’échappe soudainement de son sexe, un geyser merveilleux qui asperge sa couette, sa couverture et jusqu’à son bureau, les feuilles de sa rédaction à rendre.
Tremblant comme un jeune arbrisseau, ses lèvres s’écartent et un rire inextinguible en sort, un rire de joie de cette découverte... ce nouveau monde.
Il se lève, s’habille, et dans un sourire narquois...
“Le père Ignacio dit n’importe quoi, ce n’est pas une cochonnerie, puisque ça m’a fait du bien”.
Nota bene : Il y a bien des expériences personnelles de cette “première fois”, si courante... mais j’avoue, moi, avoir ri comme jamais à cette première fois... quand j’avais douze ans.
—L’auteur—
Épinac, le 20 septembre 2023