Document témoignage du premier évadé du camp de concentration de Dachau en mai 1933.

EXTRAIT

“[...] « Étends-toi de tout ton long ! »
Et comme au dire de ce “héros”, le temps pressait, il me prit la tête sous le bras et m’étendit de tout mon long sur la table. Il prit place à mon chevet et pressant ma tête sous son bras droit, il me ferma en même temps la bouche de la main gauche. Après m’avoir placé dans la position désirée je l’entendis dire :
« Allez-y ! »
Les laquais bruns du Capital me battirent jusqu’à ce que je ne puisse plus proférer un son, alors que celui qui me tenait le crâne avait relevé ma chemise jusque sur la tête. Je ne sais pas si ce furent soixante ou soixante-dix coups de matraque, car ils me battirent jusqu’à me faire perdre connaissance. Lorsque je revins à moi, j’étais plutôt à genoux que debout devant la table. La sueur coulait sur mon visage comme si on m’avait versé un seau d’eau sur la tête. Bien que je fusse incapable de me tenir debout, l’un des bandits me cria de nouveau :
« Vite, remets ton pantalon, dépêche-toi ».”

ISBN 9782851221162

Gazette n°556
lundi 16 octobre 2023
inspirée par
“Dachau 1933, la “solution” nazi”
de Hans Beimler
 
Oublier l’Histoire est un crime.
 
LA GRILLE
 
Le sol est encore gris et la poussière nucléaire s’est évaporée depuis déjà très longtemps en ce lieu inexploré.
— Jürn, as-tu vu ce morceau ? On dirait une pièce de métal.
Jürn, humain de naissance contrôlée, est un grand gaillard d’à peine deux mètres quarante, mais s’il est plus petit que la plupart de ses congénères, il a acquis une connaissance complète de l’histoire de la race humaine.
Celui qui “l’accompagne”, est un hologuide de la race balth, qui le suit depuis la base humaine de Hrzik, à trente-six années lumières de la Terre.
— Ouaih, j’ai vu, Lax... j’ai vu.
Il se baisse et relève cette pièce, un carré de métal noir avec une sorte de croix, souvenir d’une époque lointaine.
— Ça date de quand, d’après toi, Jürn ?
— XXe siècle... moitié XXe pour être plus précis. Caractéristique de la période barbare.
— Regarde ! Il y a comme un signe qui a été forgé dans ce carré.
— Oui... Lax... il semble que ce soit un sigle humain de cette époque maudite.
Jürn laisse retomber la chose et aperçoit devant lui, les reliques de quelques souches d’arbres alignés, pétrifiés, sous une fine couche de poussière de terre grise. Un peu plus loin, des murs, ruines de quelque bâtiment.
— Tiens, tu as vu, Lax ?
— Oui... en piteux état !
— Je vais aller voir.
— Radioactivité nulle détectée au niveau de ces ruines. Tu peux y aller sans aucune crainte.
— Merci Lax, sourit Jürn en s’avançant.
Des briques qui furent rouges tracent un rectangle. Au milieu, les restes d’une construction surmontées de ce qu’il reste d’une sorte de cheminée.
— Intéressant Jürn... c’est quoi ?
— Selon les livres d’Histoire que j’ai pu consulter, c’étaient des fours à pain.
— Mais ils faisaient de très gros pains !
Jürn s’amuse de cette réflexion.
— Eh oui, Lax. Il paraît aussi qu’ils y faisaient cuire de la viande.
— De la viande ? s’exclame Lax terrifié.
— Oui, ils mangeaient des animaux.
— Ils mettaient les animaux vivants dans ces fours ?
— Non... ils étaient tués avant.
Lax reste horrifié de cette alimentation grotesque.
— Barbares quand même.
Soudainement, un peu plus loin, Jürn distingue les ruines d’un autre bâtiment.
— Attends ! Je vais voir là-bas, il semblerait que ce soit le portail d’entrée de ce lieu.
Il s’approche de l’endroit, qui a mieux résisté à l’explosion nucléaire d’ici. En effet, il y a les restes d’un étage supérieur et de son toit.
Arrivant sous le porche de l’entrée, une grande grille en fer forgé, noire, tordue sur le sol, avec une inscription.
— Lax ! Regarde... c’est du langage humain de l’époque.v — Tu peux le lire ?
Quelques lettres restent visibles, difficilement, Jürn essaye de prononcer celles-ci :
— AR...EIT ...CHT FREI.
— Ça veut dire quoi, Jürn ?
— J’en sais rien du tout.
 
Épinac, le 16 octobre 2023