Florilège de poèmes et de nouvelles. Sorte d’étude sentimentale avec comme toile de fond : le désir, l’amour, le sexe, l’attente.
Poésies à caractère homosexuel, pour adulte prévenu.

EXTRAIT

“ENTRE

Je suis nu, offert,
Prêt à satisfaire
Tes mains, ta queue ;
Me donner mieux.

Te sentir en moi,
Vibrer, en émois.
Ton sexe pénétrer
Mon trou, s’infiltrer.

Tu me fais tressaillir,
Au fond tu vas jaillir.
Je t’appartiens entier ;
En moi tu es entré.”

[...]

Il venait de me fouetter, j’étais encore attaché, les bras tendus par les chaines accrochées à l’une des poutres de la librairie.
C’était le premier anniversaire de notre première rencontre. Il faisait encore bon, le silence perçait cette nuit-là.
J’étais essoufflé de l’effort, être à la fois souriant et souffrant est exténuant. J’étais tellement heureux de m’être offert à lui, mon doux cœur... l’Homme que j’aimais le plus au monde, le centre de mon existence.
— Ça va mon doux ?... me demanda-t-il, toujours aussi prévenant.
Je lui fis un grand sourire, celui du remerciement, celui du don de moi.
— ...J’ai envie de te voir avec les pinces pendues à tes beaux tétons, Énis.
Mon sourire fut moins franc... un peu emprunté, mais j’aimais lui offrir tout de mon corps.
— Merci mon cœur, répondis-je en baissant la tête en signe de soumission et d’abnégation.”

ISBN 9782851220585

Imaginaire n°569
mercredi 15 novembre 2023
inspirée par
“Écrits d’amour et du désir”
d’Énis

Le désespoir n’est pas toujours fatal.

TAKESHI

— Mon amour, tes courbes généreuses me manquent, ton corps frais sous mes mains caressantes...
Atsuko Kuroyanagi, parle toute seule.
Elle regarde au loin, et se souvient de cet homme qu’elle croisa il y a peu, dans l’aérogare.
Comment oublier les heures si douces qu’elle partagea, tendrement enlacée par ses bras vigoureux.
— Takeshi !...
Les yeux dans le vague, elle lève la tête et regarde les étoiles briller.
Comment se pourrait-il que quelqu’un vienne la secourir ici, en cet endroit per­du. Heureusement, elle a pu sauver de l’accident les denrées essentielles à sa survie... et en quantité suffisante pour te­nir plus d’un siècle… seule.
— Takeshi !...
Elle répète, psalmodiant ce prénom qui la soutien, malgré son absence.
C’était lundi dernier, elle devait re­joindre le camp d’entraînement, non loin de New-Tokyo. Se promenant entre les boutiques de duty-free, elle flânait en at­tendant l’heure de l’embarquement. Quand une main effleura son épaule nue. Elle se retournait pour filer une claque à l’impudent... et son regard fut hypnotisé par les yeux si bleus de cet homme.
Il lui sourit, et s’excusa. Il s’était — di­sait-il — mépris ; il croyait avoir recon­nu une amie.
Atsuko, toujours sous le charme de cet homme, à la voix calme et douce, ne put lui répondre qu’en le gratifiant d’un large sourire. C’est elle, presque, qui voulait s’excuser d’avoir voulu le frap­per.
Takeshi semblait aussi être tombé sous le charme de cette femme qu’il avait prise pour une autre. Il lui demanda si elle était pressée, et si non, s’il pouvait se faire pardonner en lui offrant un verre à la terrasse du Ryoiki café, sur la rotonde centrale, couverte de ce dôme magnifique.
Elle avait le temps ! Et pour tout dire, elle pensa même, que si elle ne l’avait pas eu... elle aurait décalé son départ.
Iels se sont assis à une table, un peu à l’écart. Il a mis ses coudes sur la table et sa tête sur ses paumes, la fixant, sans dire un mot et en lui souriant.
Elle rougit, et pour détourner le regard, elle commanda deux umeshu[1], sans même y réfléchir. Lui, senti sans doute que son attitude avait quelque chose de trop pressant... il éclata d’un rire joyeux pour se donner courage. Il savait qu’il était tombé amoureux fou d’Atsuko.
C’est là qu’il se présenta... elle aussi.
Lorsque le garçon arriva avec le plateau et les deux verres, il eut un sentiment de gêne ; comme s’il était un voyeur. Take­shi et Atsuko se regardaient l’un l’autre, dans un silence de cathédrale, leurs re­gards se mêlaient dans un tourbillon de désirs.
Le garçon posa les verres, et reparti en s’excusant. Ça les fit rire ; et ce rire qu’ils partagèrent fut le premier.
— Takeshi !…
La réalité lui revint. Devait-elle être abandonnée ici, seule jusqu’à sa mort ? Et comment son amour pourrait savoir qu’elle avait tant besoin de lui en ce mo­ment de détresse. Elle qui avait reporté son départ pour la base Yoshitsune[2].
Des larmes coulèrent sur ses joues fraîches. Ses mains bougèrent, comme si elle avait encore en main le membre vi­ril de Takeshi entre ses doigts ; ce membre qu’elle adora et flatta avec res­pect et désir toute cette nuit-là. Il lui semblait encore sentir la bouche de Ta­keshi entre ses cuisses, sa langue se per­dant dans les plis de son intimité.
Prise soudainement de folie, et ne pou­vant accepter son destin, elle se munit d’un long couteau qu’elle avait récupé­ré. Il lui fallait disparaître, elle ne vou­lait rester ainsi, seule sur cet endroit ou­blié... “seppuku”[3] se dit-elle.
C’est au moment ultime où la lame allait la percer, qu’in extremis, un vaisseau se figea juste à côté de l’astéroïde où Atsu­ko avait été projetée lors de l’accident fatal de la navette qui l’emmenait à la base Yoshitsune, sur la planète Mars.
Arrêtant son geste, elle vit la porte du vaisseau s’ouvrir. Une lumière salva­trice et une ombre. Une ombre en contre-jour qui s’approcha.
— Takeshi !

[1] Célèbre liqueur de prune japonaise.
[2] Célèbre Samouraï (1159-1189).
[3] Appelé aussi “Hara-Kiri”, forme rituelle de suicide par éventration.