Sujet ô combien toujours d’actualité depuis de si longs siècles et pensé par de nombreux auteurs et autrices, dont en 1622, Marie de Gournay, fille d’adoption de Michel de Montaigne.

EXTRAIT

“La plupart de ceux qui prennent la cause des femmes, contre cette orgueilleuse préférence que les hommes s’attribuent, leur rendent le change entier ; renvoyant la préférence vers elles. Moi qui fuit toutes extrémité, je me contente de les égaler aux hommes ; la nature s’opposant pour ce regard autant à la supériorité qu’à l’infériorité. Que dis-je, il ne suffit pas à quelques gens de leur préférer le sexe masculin, s’ils ne les confinaient encore d’un arrêt irréfragable et nécessaire à la quenouille, ou même à la quenouille seule. Mais ce qui les peut consoler contre ce mépris, c’est qu’il ne se fait que par ceux d’entre les hommes auxquels elles voudraient moins ressembler. Personnes ne peut donner vraisemblance aux reproches qu’on pourrait vomir sur le sexe féminin, s’ils en étaient, et qui sentent en leur cœur ne se pouvoir recommander que par le crédit de l’autre sexe.”

ISBN 9782851221193

Imaginaire n°570
vendredi 17 novembre 2023
inspirée par
“Égalité des hommes et des femmes”
de Marie de Gournay

La vie de certaine n’est pas toujours une sinécure.

DIALOGUE

— Chéri, tu veux descendre les poubelles, s’il te plaît.
— Tu vois bien que je suis en train de me raser... je le ferai après, si tu veux bien.
Et voilà, rasoir “Bic” en main, il fait attention à ne pas se couper avec ce satané petit rasoir. Il faut qu’il soit parfaitement bien lisse.
— D’après -toi, je dois mettre ma jupe rouge ou la verte ?
Il regarde avec tendresse, cligne des yeux, sourit.
— Tu as mis des dessous aujourd’hui ?
— Non... pourquoi ? Ça t’aurais plu ?
Avec un large sourire un rien malicieux, il inspecte rapidement son corps.
— Je crois que ça m’aurait titillé, ma douce.
— Bien, alors je vais prendre la guêpière en cuir que tu aimes tant.
— Et tes bas aussi, j’adore caresser tes jambes sous ta courte jupe en cuir.
— Je sais, mon amour.
Toujours face au miroir de la salle de bain, il finit son rasage et va s’habiller.
Une fois en tenue de travail, il se dirige vers le salon.
— Tu as fait le café ma chérie ?
— Oui, il est prêt, tu veux que je te serve ?
Avec gourmandise, il passe la main sous la jupe et caresse ce beau fessier qu’il aime tant, surtout lorsque les bas, tendus par la guêpière, délicatement, entourent son beau cul nu.
Il lui a interdit, très gentiment, de mettre aucun slip, voulant avoir accès à cette intimité.
— Non, je vais me servir, sourit-il.
— Tu sais que j’aime te faire du bien, mon cœur.
— Je sais... mais le plus important c’est de bien servir tes clients.
— Je fais au mieux. Même si en ce moment, c’est quelquefois un peu dangereux.
— Prends le taser, au cas où.
Les agressions sont en effet de plus en plus nombreuses, l’époque est certes plus évoluée, mais la violence est tellement plus courante. La peur d’être féminine dans l’espace public...
— Tu as raison, hier un client a voulu ne pas payer, heureusement que tu étais là.
Il fait un clin d’œil.
— Tu sais bien que je suis toujours là, et que tu peux compter sur moi, ma chérie.
— Je sais, et ça me rassure... tu as fini ton café, tu en veux un autre ?
— Non, je te remercie, ça va suffire. Il faut qu’on y aille... longue journée.
— Oh oui !
Il se lève et va à la penderie de l’entrée ; il prend un manteau, il fait un peu frais en ce moment ; il ne voudrait prendre froid. Et ce n’est pas le moment, il a tant besoin d’argent pour subvenir à ses besoins.
Il ouvre la porte, fait attention qu’il n’y ait personne dans l’escalier.
— Personne, ma chérie. On peut y aller.
— Où va-t-on aujourd’hui ?
— Rue de l’abbé Thierry.
— Eh bé... un abbé…
Il sourit encore.
Ils sortent et finissent par arriver à leur emplacement de la nuit. Il est 23 heures, un client arrive.
— C’est combien ?
Lui, avec sa jupe, ses beaux bas tendus par sa guêpière, sous son long manteau, a de la chance... à peine arrivé et déjà un client !