Une plongée dans une recherche d’identité. Une évocation du passage de l’ado à l’adulte. Un livre cru et émouvant.

EXTRAIT

“L’homme écrasa son mégot sur le sable et le garçon sentit sa main qui glissait vers son sexe. Il bandait déjà.
— Tiens, tiens, dit le type, qu’est-ce qu’il se passe par là ?
Loïc eut l’envie de se redresser et de s’enfuir, mais il était comme paralysé. L’homme l’avait déjà allongé et lui mordillait le pénis à travers le slip. Lorsqu’ils en eurent terminé, ils restèrent essoufflés allongés sur le sable. Loïc osa poser cette question à l’autre :
— Je ne comprends pas, vous êtes marié, vous avez deux enfants et vous cherchez à vous faire baiser ?
L’inconnu rit en allumant une cigarette.
— Une femme c’est bien et les mômes aussi. Pourtant, tu vois, ça suffit pas toujours et moi j’aime beaucoup ce que tu m’as fait. J’y peux rien, c’est comme ça. Je n’ai pas du tout la sensation de trahir ma femme car elle ne peut pas me faire ce que tu m’as fait et moi, de temps en temps, j’aime ça. Et toi, tu ne triches jamais, même pas sur ton âge ?”

ISBN 9791094773963

Imaginaire n°574
lundi 27 novembre 2023
inspirée par
“Femme de mon père”
de Marceau Doux-Sillas
 
D’où venons-nous, où allons-nous ?
 
LES RETROUVAILLES
 
Juliette, est une jeune fille qui ne connaît pas ses parents. Elle est, à 16 ans, pensionnaire d’une institution pour orphelines en ce printemps 1652.
Sœur Marie-Thérèse des Batignolles est la mère supérieure de l’endroit.
— Juliette !
— Oui ma mère ?
— J’ai une grande nouvelle...
Juliette, qui venait de finir de nettoyer le réfectoire, comme c’est sa charge en ce mois-là, pose son balai contre un mur.
— Puis-je savoir ?
La mère supérieure, qui aime bien cette jeune Juliette, curieuse, ouverte et si encline à apprendre.
— Bien sûr... il s’agit de ta mère... celle qui te donna la vie, Juliette.
Elle écarquille les yeux. Elle n’avait pas pensé à sa mère depuis bien années, et avait tiré un trait dessus, sans ressentiment, juste par fatalisme.
— Vous savez qui c’est ?
— Oui. Elle a retrouvé ta trace et après nous avoir écrit, nous avons vérifié ses dires.
— Je pourrais la... rencontrer.
Ce mot secoua son cœur et son esprit. “Rencontrer sa mère”. C’était comme un espoir qu’elle n’attendait plus.
— Elle vient cette après-midi. Tu pourras la voir.
Son visage s’illumine d’une joie extatique.

***

Il fait chaud, un petit vent vient caresser les arbres du petit jardin au cœur du bâtiment. La sœur accompagne une dame à l’allure simple et au visage souriant. Elle l’accompagne jusqu’à son bureau, où attend déjà Juliette dans les affres de l’angoisse de cette découverte.
La mère supérieure, ouvre la porte, et laisse le passage à cette dame.
Juliette se lève et n’ose rien faire, elle reste les bras ballants.
— Eh bien Juliette, tu ne viens pas poutouner ta mère ? sourit mère Marie-Thérèse.
Émue, elle retient ses larmes et se jette sur celle qu’elle n’attendait plus. Elle enserre la taille fine de sa mère... pour la première fois.
— Juliette, je te présente donc ta mère, Suzanne.
Juliette, la tête entre les seins généreux, se laisse aller aux pleurs.
— Allons, allons, ma tendre fille. Je suis aux anges de voir combien tu me pardonnes de t’avoir abandonnée à ta naissance.
— Ce n’est rien, mère, pouvoir enfin dire “Maman”, est une telle joie.
La mère supérieure, assise à son bureau, regarde la scène, silencieuse. Puis elle interrompt ces belles retrouvailles.
— Vous voyez, votre fille est une jeune femme accomplie, serviable et plein d’amour envers notre seigneur. Nous allons entériner tout cela, et vous pourrez partir ensemble... enfin réunis par la grâce de dieu.
Main dans la main, mère et fille s’asseyent.

***

Le coche cahote sur la route de Rouen, là où Suzanne Defoix habite avec son mari, Félicien Defoix, boulanger, et ses trois fils.
— Tu ne me demandes pas qui est ton père ?
— Je n’ose pas, après tout ce peut être un vil gredin dont vous ne voulez vous souvenir. Je ne veux vous mettre dans l’embarras, mère.
Elle lui caresse la tête.
— Tu es bien la fille de ton père, je le reconnais en toi, par ta bonté d’âme. Non, ton père est un homme qui certes a pêché, comme moi, mais c’est un homme de foi ! Et je le vois tous les dimanches que dieu fait.
Juliette est surprise par la grande mansuétude de sa mère et par cette révélation.
— Je ne comprends pas, mère.
— Pour te desceller cela, il faut que je te dise qu’il est toujours mon confesseur, et celui de toute notre famille.
— Ton mari est au courant ?
Juliette ouvre de grands yeux, incrédule.
— Oui... tu verras, Félicien est un homme doux et si bienveillant. C’est lui qui m’a poussé à te rechercher. Donc, tu verras ton père... qui le sera par deux fois ainsi.
— Je comprends, dit-elle en souriant, je serai femme de mon père !