Il s'en passe des choses dans les couvents. Des choses qui n'ont rien de spirituel, mais qui servent malgré tout à l'élévation...

EXTRAIT

“C’était la règle dans la maison, de châtier les écolières indisciplinées, par la fessée manuelle, ou par le martinet, quelquefois par les deux corrections appliquées l’une après l’autre, la première précédant la seconde, pour rendre celle-ci plus cuisante ; les verges ne servaient qu’à de rares intervalles, et pour les délits graves ; pour les fautes qui nécessitaient une correction très sévère, le châtiment se terminait quelquefois, par l’application de quelques terribles cinglées d’une petite cravache de dame, qui déchirait la peau, rendue extrêmement sensible par la fustigation préalable. La main et les lanières, sans détériorer la partie châtiée, à moins d’une correction très violente et prolongée, offrent un châtiment suffisamment douloureux, pour être en général efficace.”

ISBN 9782851221315

Imaginaire n°588
vendredi 29 décembre 2023
inspirée par
“Jupes troussées”
d’Émile Desjardins
 
Il faut se méfier de certains hommes qui s’habillent en robe.
 
UN MONSTRE... SACRÉ
 
C’est une atmosphère chaude à Toulouse, il fait un temps magnifique en ce bel été. À la terrasse du café Le Florida, place du Capitole ; deux femmes sont attablées. Ce qui les différencie des autres, ce sont sans doute leurs Cohiba et leurs verres de Whisky, rien d’autre.
— Si tu savais ce que les mecs me font chier, Lise.
Christine a l’apparence d’une femme comme les autres, ses cheveux courts à la garçonne, et même son aspect encore masculin après son opération, lui va si bien. Elle est habillée d’un body noir qui fait ressortir sa poitrine, une jupe mi-longue rouge sang, des bas et des bottines roses. Quoique très peu maquillée, son allure est appréciée des hommes.
— Tu sais aussi, Christine, de la manière dont tu t’habilles ça ne m’étonne pas.
— Je sais, c’est contradictoire... mais je vais pas me mettre en nonne tout de même.
Lise se met à rire.
— Je te vois très mal en fille à Jésus.
— Pourtant... j’aurais pu.
Là... la copine reste bouche bée.
— Religieuse ? Toi ?
— Eh oui... ça t’en bouche un coin !
— Raconte.
— Tu sais qu’après mon opération, je me suis sentie assez mal, rejetée par mes proches et même de quelques amiæs.
— Oui, j’ai su. Je me rappelle de ce connard de...
— Jean-Philippe !
Lise, à l’évocation de ce prénom, part dans un rire cynique.
— Quel énorme con !
— Tu l’as dit... surtout quand il a voulu me baiser de force, contre la porte de mon appart’, en me disant qu’en tant que mâle il avait tous les droits. J’lui ai tout de même mis mon genou entre les cuisses à c’blaireau.
Elles rient. Ce qui surprend les autres clientæs autour d’elles. Elles n’en n’ont cure.
— T’as bien fait, poulette !
Elles rient de plus belle.
— Ouaip... donc, après tout ça, à un moment j’ai cru avoir eu la vocation. J’ai été voir le curé qui m’avait baptisée.
— Il devait plus être très jeune ?
— À l’époque, j’avais trente-deux ans, et lui plus de soixante-dix. J’y étais allée très soft.
— C’est quoi “très soft” chez toi, ma belle ?
Christine sourit en rougissant presque.
— Je sais, je n’aurai peut-être pas dû mettre cette jupe noire... mais elle n’était pas si courte que ça.
Lise se remet à rire... très gentiment, sans se moquer. Christine ne lui en veut pas, c’est même ce qu’elle aime chez sa copine.
— J’imagine.
— Oui... donc j’étais allée le voir. Au début tout se passait bien, rien d’exceptionnel. Il me genrait même très bien.
— Il t’a prise pour une... femme de naissance ?
— Je crois, et ça me plaisait bien.
— Et alors ?
— Ben, c’est quand je lui ai appris que j’avais repris mon sexe réel que je l’ai vu changer.
— Comment ça ? Il s’est énervé ?
— Non... au contraire, je me rappelle ; on était tous les deux sur un banc de son église et il a commencé à avancer sa main sur ma cuisse.
— Non ? fait Lise, surprise.
— Moi, je savais pas quoi faire à l’époque... je ne me voyais pas foutre mon poing dans la gueule à... un homme de dieu.
Lise sourit ironiquement.
— Moi, j’aurais pas hésité !
— Je sais... mécréante que tu es !
Les revoilà parties dans un rire tonitruant.
Elles s’aperçoivent alors de leurs congénères, certains juste étonnæs souriantæs, et les autres avec un regard réprobateur.
Lise, plus doucement, se penche vers Christine.
— Alors... après ?
— J’étais tétanisée. Incapable de bouger. Il en a profité pour soulever ma jupe.
Christine à ce souvenir, commence à trembler.
— Christine, tu n’es pas obligé de me raconter, tu sais... si ça te fait trop mal.
— Non, non, je te remercie... je crois au contraire qu’il faut que je te raconte. Ça va m’aider... mon psy était un con, ça m’a pas aidé à l’époque.
— C’est vrai qu’avant 2011 et ce porc de DSK...
— Dit pas de mal des porcs... pauv’bêtes !
Elles rient encore... plus doucement.
— Et il est allé jusqu’où alors... et comment tu t’en aies sortie surtout ?
— C’est au moment où en voulant m’embrasser en me disant que j’étais une salope, que j’ai réagi.
— Au mot... ?
— Oui, je sais, mais là c’est pas “du jeu”.
Lise a l’air désolée.
— Pardon... j’ai dit une connerie. Je suis conne.
— Je sais, j’ai l’habitude, sourit Christine, en coin.
— Tu es partie en courant ?
— Oui... j’aurais dû lui casser la gueule à cette sous-merde. Et pour moi... fini la vocation.
— Au fait... c’est quoi son nom à ce curé ?
— Depardieu !
— Il porte bien son nom, çui là.
— Oui, et même plutôt deux fois qu’une.