Petites histoires d’amies, simplement écrites avec le regard minutieux et un rien amusé de l’auteur.

EXTRAIT

“Mon amie couverte de bijoux n’est pas très amoureuse, mais elle envisage toutefois de se marier. Juste pour la bague de fiançailles et l’alliance.

***

Mon amie qui a la main verte m’appelle désespérée. Je suppose un drame. Deux de ses plantes ont des cochenilles.

Mon amie qui a la main verte envisage de déménager : le plafond est bas et son caoutchouc est un peu à l’étroit.

Mon amie qui a la main verte est fière de son pied d’éléphant. Aussi, quand elle évoque son nouveau chat, je lui demande s’il s’agit bien, cette fois, d’un animal.”

ISBN 9782851221056

Imaginaire n°598
lundi 22 janvier 2024
inspirée par
“Promenades avec deux amies”
d’Olivier Hervy
 
Les histoires d’amour finissent bien en général.
 
LA PRINCESSE ET SON PÈRE
 
La princesse Waleska, jeune et joli parti, fille du roi Jarosław III de Polwandie, était encore célibataire à cette époque. Évidemment, on lui cherchait un futur mari. Mais la chose est facile à dire, moins à faire.
Nous étions au printemps et la princesse allait fêter ses vingt ans.
— Waleska, ma chère enfant, l’appela son père.
— Mon père, qu’y a-t-il ? Vous semblez soucieux ?
— Je le suis... tu vas avoir vingt ans et tu es toujours sans mari.
La princesse sourit, un peu rougissante. Elle ne sut quoi répondre.
Quelques instants de silence plus tard.
— Père, me permettez-vous d’aller y réfléchir dans notre parc ?
Le roi ne pouvait, et ne voulait, rien refuser à sa douce fille qu’il aimait tant.
— Bien sûr, si cela peut te permettre de trouver la solution.
Elle ne répondit point, fit demi-tour respectueusement, et s’éloigna.

***

Le parc du château de Larmonwi était vaste et verdoyant. Il était bordé de chaque côté par des bois. Des bois habités d’animaux de toutes sortes. La chasse n’existait pas en ce royaume, aussi, les animaux n’était point peureux, et ils jouaient fréquemment avec ceux qui s’y promenaient, même les gens d’armes de la Garde royale.
La princesse Waleska était en train de marcher, pensive, quand une jeune biche s’approcha d’elle.
— Bonjour princesse, tu as l’air bien préoccupée. Que se passe-t-il donc ?
La princesse, qui aimait mieux échanger ses doutes et ses rêves avec les animaux qu’avec les humains, fut soudainement souriante à la vue du jeune animal.
— Mon père me tarabuste à vouloir me marier.
— Et alors ?
— Tu sais bien que je n’ai aucun appétit pour les hommes.
— C’est vrai... mais tu n’as encore rien dit à ton père ?
— Non. Il n’est pas au courant de mon amour pour Hanna. Ça me fait si peur... s’il me répudiait ?
La jeune biche leva la tête vers les yeux éperdus de tristesse de la princesse.
— Allons, je suis certaine que non, mon amie... ton père t’aime plus tout.
— Oui, je sais, mais acceptera-t-il que sa fille soit amoureuse d’une autre fille, qui plus est, une fille du peuple, sans aucun titre de noblesse. Ô mon amie... je manque de courage.
Non loin de là, sur le même chemin et venant à sa rencontre ; Hanna, habillée de la belle et grande robe blanche que lui a offerte son amour, était aussi pensive.
“Et si ma douce et tendre amie me délaissait pour un homme ?”
Cette pensée la fit frémir. Mais relevant la tête, et délaissant ses tristes réflexions, elle vit en face d’elle... son amour, sa dulcinée, son âme, en compagnie de la biche dont elle lui avait parlé.
Elle se mit à courir.
— Regarde, princesse ! C’est Hanna ! dit la biche.
Waleska, la vit aussi, et elle se précipita en courant, les bras en avant, riante.
Les deux amies se jetèrent dans les bras l’une de l’autre en tournant comme si elles dansaient. Leurs rires couvrirent les pépiements des oiseaux, qui ne purent que se taire, et contempler ce bonheur intense.
— Tu le lui as dit ? interrogea Hanna.
La princesse baissa la tête, comme honteuse.
— Non, je n’ai pu, je suis désolée Hanna, je suis si faible et pourtant je t’aime tellement.
Elles s’embrassèrent, transportées par leur passion.
C’est à ce moment-là qu’elles entendirent une voix qu’elles connaissaient bien. Celle du roi Jarosław. Il était sur le chemin, chevauchant sa jument préférée.
— Eh bien ! Waleska...
— Ô mon père.
Hanna fit la révérence.
— Votre altess...
La princesse était au bord des larmes ; elle perdit l’équilibre et tomba dans les bras de son aimée qui la rattrapa, interrompant son salue.
— Tu ne me présentes pas ? dit le roi, enjoué.
La princesse cessa de pleurer à l’instant. Elle tourna la tête vers son père, comme si elle le voyait pour la première fois. Elle avait retrouvé enfin le sourire.
— C’est Hanna, père... balbutiante, elle ajouta... je suis amoureuse d’elle et je souhaite faire ma vie avec elle.
Son père se mit à rire, d’un rire joyeux comme une délivrance.
— Enfin ! Depuis le temps que j’attends que tu me le dises. Je le sais depuis tellement longtemps, ton aversion pour les hommes.
Il descendit de cheval, et les deux amies se précipitèrent dans les bras du roi.
Waleska et Hanna se marièrent quelque temps plus tard... et adoptèrent toutes les petites filles abandonnées du royaume.