L’actualité vu par le Citoyen Marcel, accompagné d’un gamin. Ce dernier a une idée fixe : qu’on lui dessine “un mouton”, heureusement le Citoyen Marcel a de la répartie et sait se tirer de ce mauvais pas.

EXTRAIT






alcool : les jeunes
boivent dès 12 ans

Marcel, alors à l’étude de la presse quotidienne, comme à son habitude, est une nouvelle fois dérangé.
Mais au lieu de rabrouer le mouflet, et après l’article qu’il vient de lire, il tente l’essai afin de voir la réalité de l’ivrognerie supposée des jouvenceaux.

ISBN 9791094773017

Imaginaire n°620
mercredi 13 mars 2024
inspirée par
“Le Citoyen Marcel, dessine-moi un mouton”
de Denis
 
Il y avait les oies du Capitole...
 
CONTRE-OFFENSIVE
 
Marcello est assis sur une pierre à son poste d’observation sur la Valle Stretta (la Vallée étroite). Il scrute l’horizon, vers l’est, vers Turin.
“L’est...” pense-t-il d’un œil nostalgique.
À l’est, il y a toujours ce brouillard stagnant, verts, de ce vert-gris putride... et cette odeur d’œuf pourri qui l’accompagne se fait sentir jusque-là.
— Hola, Marcello !
Il se retourne... rassuré de voir le camarade Pedro.
— Eh ben ! T’es en retard pour ton tour, Pedro.
— Désolé, j’étais avec Birgit... en conférence.
Marcello cligne d’un œil, nerveusement. Il sait fort bien ce que veut dire ce mot dans la bouche de ce séducteur.
— Okay, et qu’est-ce qu’à dit notre suédoise de commandante ?
Pedro plie les genoux pour être à la hauteur de son camarade de Brigade. Narquois, il le regarde quelques secondes, avant d’annoncer la nouvelle.
— On prépare la contre-attaque sur Turin.
— Pour quand ?
— Ce soir. On va profiter de la Lune noire, ce qui nous avantagera aussi... avec les ténèbres et ce sacré brouillard, ça nous cachera des yeux indiscrets de la base Gagarine.
De concert, tous les deux lève la tête vers le ciel bleu et regarde la lune qui se fait voir encore en ce petit matin.
— La base Gagarine ! Putain de russkoffs.
— Tu l’as dit, Marcello.
Depuis la défaite de la force unie européenne, ce sont les Brigades altermondiales qui tant bien que mal, essayent de reprendre le terrain perdu.
— Bon, je te laisse la place, je vais prendre un café et me pieuté un peu, alors.
Marcello se lève pour laisser la place à Pedro sur le poste d’observation. Pedro regarde partir son camarade, et retire son arme de son épaule pour la mettre sur ses genoux.

***

— Chuuuut !
La grande Brigit fait signe à Marcello de faire moins de bruit avec le sac.
Regardant de chaque côté, il finit par chuchoter.
— Tu sais, commandante... trois kilos d’explosifs, moi ça me fait flipper.
Elle le regarde, courroucée.
— Si ça t’emmerde, soldat, tu peux passer le barda à Pedro.
— Nan, nan, ça ira.
Marcello fait la moue. “Le Pedro, y en a toujours que pour lui” pense-t-il en essayant de ne pas montrer son animosité.
— Alors fait gaffe !
La petite troupe d’une vingtaine d’alter-brigadistes se rapproche du centre névralgique de l’ennemi, leurs réserves de pétrole.
Depuis l’effondrement de la production prédit depuis deux siècles, le liquide visqueux est devenu plus précieux que l’or, ou même la vie humaine.
Pedro regarde les hautes cuves, éclairées comme en plein jour par d’énormes projecteurs. Lentement, il se retourne vers la commandante.
— Chér... Commandante... c’est vrai que ces trucs sont là depuis la fin du xxie ?
Elle le regarde un rien fâchée, mais se ravise de lui faire une remarque sur son indiscrétion.
— Oui... soldat ! Ils datent des années 2190.
Tous ont entendu. Et dans un ensemble presque chorégraphique, toutes les têtes regardent ces ancêtres... d’avant la quatrième guerre.
Soudainement, ils perçoivent le son très léger d’un drone de surveillance. Brigit fait un signe.
— Au sol ! Un Surv’ !
Ils sont face contre terre, totalement figés. Et tous habillés de noir, le drone ne remarque rien. Dans un vrombissement presque inaudible, il passe et continue sa ronde.
Brigit ordonne, et d’un geste, montre à Marcello un endroit précis.
— Tu plaques tout là !
Il acquiesce d’un mouvement de menton. Très précautionneusement, il s’avance en rampant dans un silence parfait.
Soudainement, il stoppe. Il a l’air effaré de ce qu’il voit devant lui. Un instant, il hésite. Puis il décide de renoncer. Toujours dans une totale discrétion, il fait demi-tour.
Alors qu’il revient vers la commandante, il la voit rouge de colère.
— Que se passe-t-il, soldat ? Tu fuis ?
— Non, commandante, il y a un obstacle infranchissable sans réveiller toute la base.
— Eh quoi ? demande-t-elle, toujours irritée.
— Il y a sur place... qui dorment... des moutons, des centaines de moutons !