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LA TROISIÈME ESPÈCE
Chapitre 10
LEIPZIG

Le chauffeur du professeur Meier se gare sur la place qui lui est réservée, dans une des cours intérieures de la Karl-Marx-Universität de Leipzig, juste derrière l’Augustusplatz.
Le professeur et ses trois invités sortent de cette seule voiture qui se trouve dans cette cour.
Samy, comme toujours, est très attentif à l’atmosphère des lieux et à l’architecture sobre mais toujours d’aspect monumental, typique du début du XIXe siècle de cette grande université réputée.
— Il n’y a pas beaucoup de voiture ? dites-moi, professeur.
— Mon cher Théo, c’est un de mes petits privilèges, en effet.
Le vieux professeur sourit de cet avantage que lui accorde sa prééminence professionnelle et amicale.
Il fait froid, et le temps est gris, fort heureusement, nos amis sont équipés. Ils suivent le professeur.
Sur le perron de la cour, il rejoint son assistant, Anli Soilih, que Théo a presque privatisé la veille, à Markkleeberg, lors du dîner, tellement intéressé par ses origines mahoraises et les nombreuses légendes de ce vieux peuple.
— Ah ! Anli, quelle joie de te retrouver, dis joyeusement Théo, surprenant ainsi ses acolytes par ce mouvement-là.
Le petit groupe se faufile à l’intérieur du bâtiment, entre les grappes d’étudiants du monde entier venus dans cette prestigieuse université, située dans ce que l'on appelle le bloc de l’Est, derrière ce fameux “rideau de fer”.
Tout en discutant, ils montent tous à pied à l’étage alors qu'Anli prend des nouvelles de Théo.
— Bonjour, professeur, avez-vous bien dormi ?
— Parfaitement, parfaitement, mais appelle-moi Théo, je t’en prie. Bon, trêve de babillages, as-tu pu déjà travailler sur ce carré métallique ?
Bien que conscient de l’impatience de Théo Dewez, Anli a le visage fermé.
Samy s’en aperçoit.
— Allons, allons, cher Théo, il n’a pas eu le temps, voyons, il est à peine neuf heures du matin.
Se rendant compte de son incorrection, Théo baisse le regard et marmonne.
— Certes, certes... je sais, mais l’attente me ronge le ciboulot.
Ils arrivent à cet instant devant la porte du bureau du professeur Meier.
Ce dernier intervient, ouvrant la porte.
— Alors, monsieur Soilih, il est temps de se mettre au travail et de satisfaire la curiosité de nos visiteurs occidentaux.
— C’est ce que j’ai fait, eh bien, je suis désolé, j’ai en effet commencé ce matin l’étude de ce carré mystérieux, dès mon arrivée... tout d’abord, j’ai voulu savoir de quoi il était fait. J’ai donc été voir ma collègue, le Dr Emily Thompson, l’assistante du Dr Wilhelm Müller du Lehrstuhl für Metallkunde und Werkstoffkunde[1], qui m’a autorisé à la questionner à ce sujet.
— Et ? questionne fébrilement Théo.
— C’est un alliage d’or, platine et iridium... et tenez-vous bien... l’âge de ce carré, pour le moment indéterminé, est très vieux ! “Très très vieux”, a même précisé ma collègue.
Théo, qui n’avait pas forcément d’intérêt pour cette étude-là, trépigne.
— Mais que dit-il ?
Anli Soilih baisse les yeux, d’un air désolé.
— Mes connaissances en paléophilologie sont malgré tout incapables de vous traduire ce texte...
— Merde, zut, crotte et flûte de bique !
— Allons, Théo ! le reprend Samy.
— Mais !... Emily, qui est aussi une amie, à qui je me suis ouvert de mes limites, m’a dit qu’elle connaissait quelqu’un qui pourrait nous aider vraiment... en fait, la seule personne au monde qui en serait capable...
Théo coupe encore une fois malpoliment la parole à Anli.
— Qui est-ce ? Quand peut-on le voir ? mitraille-t-il.
— C’est un professeur de philosophie et spécialiste des langues océaniennes des peuples premiers à l’Université d’Auckland... le professeur Llewellyn Percy.
— Bien, bien, alors, qu’attendons-nous pour aller voir ce monsieur...
— C’est “une”, monsieur Dewez...
— Ah ! Eh bien foutre ! Que m’importe, après tout.
Einar et le professeur Meier qui étaient restés silencieux durant cet échange, se regardent, souriant de l’enthousiasme communicatif de Théo.
— Eh bien, c’est décidé, nous partons demain pour la Nouvelle-Zélande, dit Einar en se frottant les mains à l’idée de cette aventure.
Quant au professeur, mettant ses mains sur les épaules d’Einar et de Théo, il décide de les aider.
— Je vais vous faire tous les papiers qu’il vous faut, et je vais avertir quelques confrères, notamment à Moscou, Beijing et Hanoï. J’ai gardé quelques contacts en hauts lieux ! Anli se chargera de prévenir le professeur Percy.
Soudainement, Théo s’aperçoit du voyage à faire.
— Moscou ? Pékin ?... et Hanoï ? Mais on va finir en Sibérie !


[1] Département de science des métaux et des matériaux.

(chapitre 11, samedi 11 octobre 2025 “Moscou”)