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LA TROISIÈME ESPÈCE
Chapitre 30
-51.175 71.3333

— Couchez-vous ! crie Paul Méchain.
Alors qu’un hélicoptère, arrivant des îles australiennes au sud-est, commence à faire feu sur le pont, tous se jettent au sol.
Remontant des cabines, Paul Méchain, Karl von Kirsch, Amar Aït-Idir, Henry Hatford et Édouard Judel se positionnent et répliquent d’un feu nourri.
— Attendez qu’il repasse, je vais lui faire son affaire, moi, à ce moustique bruyant.
Amar, défiant l’engin volant alors qu’il revient, se tient droit sur ses jambes. Il vise, l’œil collé à la visée de son arme.
Une rafale venant de l’hélicoptère balaie le pont.
Amar tombe. Mort, criblé de balles.
D’un seul homme, les quatre autres porte-flingues tirent pour riposter et sans s’arrêter sur l’oiseau de malheur.
— Touché ! crie de joie Édouard.
— Je crois bien, camarade, apprécie Karl, s’approchant de “l’autre Franzose”, comme il dit.
En effet, l’appareil repart, une traînée de fumée noire le suivant derrière... puis, quelques secondes plus tard, une explosion.
Tous regardent l’horizon.
Justement, au même instant, non loin de la déflagration, Samy, toujours le regard acéré, tend son doigt, effaré.
— Regardez ! Là !
Intrigués, tous regardent dans la direction indiquée.
— Oui, Samy a raison... là-bas, ce point. Les jumelles, s’il vous plaît !
Einar et les autres scrutent un petit îlot avec une sorte de ruine au-dessus. Il distingue des escaliers surmontés des restes d’une rotonde avec un toit en pyramide basse.
— Il faut que nous allions voir ça de plus près, lance Einar d’un ton décidé.

Le canot pneumatique, gonflé à bloc, s’approche de l’îlot. Einar, le professeur Meier, Théo, Samy et deux hommes d’armes débarquent. Théo a un objet entre son coude et sa hanche, un objet qu’il tient précieusement. Le livre.
Une fois à terre, ils débarquent tous sur l’îlot qu'ils viennent de voir un peu plus tôt.
— Théo, à vous l’honneur, c’est un peu grâce à vous que nous sommes ici, après tout.
Tremblant d’émotion, Théo essaye de gravir les premières petites marches de cet escalier. Mais il est trop ému.
— Attendez, cher ami, se précipite Samy en lui prenant le bras gauche pour le soutenir.
Les deux gorilles commençant à les suivre sont stoppés par le bras d’Einar.
— Laissez ces deux-là tranquilles quelques moments. Ils l’ont bien mérité.
Hésitants un moment, ils ne bougent pas et, finalement, Édouard acquiesce d’un mouvement de tête.
— Après tout, vous n’avez pas tort, et le temps que les tarés soient au courant de leur déveine, nous serons loin.

Arrivés au sommet de la ruine, seuls, Samy et Théo sont face à ce qui tient d’un autel.
— Regarde, Samy ! C’est ici que se tenait ce livre... j’en suis sûr.
— Seriez-vous chaman, mon ami ?
Théo lui sourit gentiment.
— Ne soyez pas grotesque. Non... regardez !
Il pose le livre à l’endroit précis de l’ombre d’un carré. Mais dès qu’il est posé au centre du plateau, sous ce qui reste du toit pyramidal, la construction commence à trembler. Les deux amis sont secoués eux-mêmes par le mouvement tellurique. Théo essaye de reprendre l’objet, mais, déséquilibré, il tombe en arrière, retenu par son fidèle ami. L’îlot entier est pris de soubresauts dangereux et commence à s’enfoncer dans l’eau.
— Venez, Théo !
— Mais... le livre !
— Il est là où il devrait être, c’est vous qui avez raison, mon ami.
— Nooon... j’ai tort ! crie Théo en essayant de reprendre l’ouvrage de métal.

***

Ixelles, près de deux mois plus tard.
26 mai 1961, Théo est dans son vieux fauteuil toujours aussi déglingué, entouré de son vieil ami, Samy, et d’un invité... Einar Hallqvist.
Il se lève d’un coup alors qu’Einar était en train de raconter, encore une fois, ce qui s’était passé là-bas.
— Vous vous rendez compte ! Une secousse tellurique au moment même de notre présence, qui n’était... qu’une coïncidence.
Théo allume la radio.
— Si vous pouviez vous taire un peu, Einar, nous connaissons tous cette histoire. Mais là, j’ai besoin de m’informer du monde. Et j’aimerais écouter le discours de ce nouveau président américain, Kennedy, qui a parlé hier, paraît-il...
Einar et Samy se regardent en souriant, connivents.
Le discours est retransmis à la BBC, Théo écoute, concentré.
“...we have assessed our strengths and weaknesses, our chances of success and our risks of failure. Now it is time to take greater strides; time for a great new American enterprise; time for this nation to assume a leading role in space achievements, which in many ways may hold the key to our future on Earth.”[1]
Théo se relève pour éteindre la radio.
— Décidément, ces hommes politiques n’ont rien à dire que des conneries. S’ils savaient que c’est en connaissant notre passé que nous construisons l’avenir... et non en allant taquiner les petits hommes verts !

FIN

[1] “...avons évalué nos forces et nos faiblesses, nos chances de succès et nos risques d’échec. Il est maintenant temps de faire de plus grands pas ; temps pour une grande nouvelle entreprise américaine ; temps pour cette nation de jouer un rôle de premier plan dans les réalisations spatiales, qui, à bien des égards, peut détenir la clé de notre avenir sur Terre.”

(jeudi 27 novembre 2025, “La chance de la migration, No Borders ! 13 Nouvelles” Première nouvelle : "Conquérir de la Terre")