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LA TROISIÈME ESPÈCE
Chapitre 22
PERTH

Début d'après-midi dans la capitale occidentale d'Australie, il fait un soleil radieux en ce début d’automne.
— Ah ! Perth... son calme et sa bienveillance tranquille... provinciale, déclame presque théâtralement Réginald Percy qui s’est proposé de les accompagner dans leur voyage.
— Nous pouvons prendre un peu de temps, non ? questionne Samy sans vraiment y croire.
— Ah non ! J’ai accepté que nous allions en ville pour nous dégourdir les jambes, pas pour flâner alors qu’un mystère est là, là‑bas... nous attendant...
— Depuis certainement fort fort longtemps, mon ami, dit Einar essayant de le calmer en lui tapotant l’épaule amicalement.
Ils avaient pris deux taxis pour emmener tout le monde au Kings Park de Perth, sur cette colline. Les allées bordées d’eucalyptus et d’autres essences locales, bien entretenues, sont si agréables à emprunter.
Samy, lui, flâne et profite du moment.
— Et si nous prenions un café. Ce matin, celui de l’avion, même si notre nouvelle hôtesse est très gentille, n’était pas à la hauteur de ce que j’apprécie, propose Einar.
— J’ai remarqué en effet que vous faisiez la tête à chaque fois que vous buviez ce... cette boisson, renchérit Théo.
Einar se met à rire.
— Vous avez raison, mais je croyais ne pas trop le montrer.
— Notre hôtesse, la petite Giorgia ne vous en voudra pas... trop, je crois.
— À propos, je dois contacter ce Tehurua dont nous avait parlé Llewellyn. Si c’est lui qui détient ce livre de feuilles de métal, il nous faut absolument le retrouver.

Une bonne heure plus tard.
— Qu'en est-il ? questionne Théo, qui ne retient plus son impatience alors qu’Einar revient.
— Eh bien, mes amis, téléphoner aux États‑Unis et à La Réunion n’a pas été une mince affaire, et le coût est exorbitant... mais bon, grâce à ce General Post Office, situé là-bas au centre‑ville...
Il se tourne vers Samy.
— ...Je pense mon cher que vous n'aurez pas le temps de flâner et tant mieux pour les nerfs de notre ami Théo.
Samy se tourne vers Théo.
— Je sais, je sais, j’aime visiter et vous, vous êtes impatient de connaître enfin cette vérité.
— Je suis désolé d’être toujours si désagréable, mon ami, et merci de votre magnanimité.
Théo cette fois se retourne vers Einar.
— Mais ne me faites plus languir... dites‑nous ce qu’il en est ?
— Je n’ai pas eu Tehurua au bout du fil, mais on m’a confirmé qu’il habitait bien à Saint‑Denis, qu’il était en vie malgré ses plus de quatre‑vingt-dix ans !
— Quatre‑vingt-dix ? répète Théo la bouche grande ouverte, mais s’il mourait avant qu’on arrive ?

— L’avion est ravitaillé, monsieur, dit le commandant de bord à Einar, alors qu’ils sont de retour en fin d’après-midi.
— Bien, merci commandant.
Mais le pilote se penche le plus discrètement possible en gardant un œil sur Théo.
— Pardon monsieur, mais gardez votre calme, je ne voudrais pas que le vieux monsieur s’agite trop.
L’air inquiet malgré tout, Einar tente de rester naturel et trouve un subterfuge.
— Oui mon brave, montrez-moi cela, dit-il tout haut.
Tous les deux s’écartent.
— J’ai remarqué quelqu’un qui tournait autour de notre appareil.
— De quoi avait-il l’air ?
— Grand, plutôt sportif, glabre et pas souriant du tout. Il était habillé avec la tenue de la TWA. Il tournait autour du train d’atterrissage, aussi, une fois qu’il a disparu sans même avoir dit bonjour, j’ai inspecté le train moi‑même.
— Et rien de spécial ?
— Non rien... vous voulez que je fasse appel à un spécialiste ?
Einar réfléchit quelques instants en se frottant le menton.
— Non... je vous fais confiance.

— Que se passe-t-il commandant ?
— Alors que nous décollions, un des pneus a éclaté.
Einar, qui venait d'être appelé dans le cockpit, pensait que c’était une communication d’Howard qui l’attendrait. Il a le visage figé.
— Que va-t-il se passer ?
Le commandant se retourne, il sourit presque, ne vous inquiétez pas, j'ai connu pire... j’ai servi dans la RAF durant la guerre.
Einar a l’air stupéfait.
— Vous aussi ?

À l'approche de Singapour, après avoir endormi Théo avec une décoction qu’avait préparée le professeur, selon une recette apprise lors de la révolution bolchévique, tout le monde s’était bien attaché.
Le professeur se penche vers le fauteuil d’Einar, de l’autre côté de l’allée.
— Vous avez eu raison pour notre ami Théo, nous éviterons une syncope.
De nuit, l’aéroport de Singapour est heureusement équipé pour accueillir les avions à l’atterrissage tardif. La tour a été prévenue et tout est paré, même pour le pire.
Le commandant crie.
— Attention... on touche !
Le Lockheed Constellation attaque la piste de Singapour en frissonnant alors qu’il touche le tarmac. Un craquement sec résonne dans le fuselage, et le manche vibre dans les mains du pilote qui maintient l’appareil de toutes ses forces. Les roues rebondissent, l’avion tangue un peu mais il est solide et l’équipage garde le contrôle. Une odeur de caoutchouc brûlé envahit le cockpit. Les passagers, crispés, sentent la tension. Samy regarde par le hublot la piste dérouler son tapis, tandis que le Lockheed avale les mètres. Enfin, lentement, le Constellation ralentit, roule droit, et s’immobilise enfin. Un silence s’impose de lui-même. Le commandant, quoiqu'il ait été confiant, s’éponge malgré tout le front avec sa manche. Tous respirent. L’avion est au sol, fragilisé mais entier.

— Alors commandant ?
— J’ai appelé Perth, et effectivement, il y avait encore des tas de petites pièces métalliques sur la piste. Ils ont tout nettoyé, bien sûr.
Einar, lui, est vraiment inquiet.
— Il faut que j’appelle Howard.


(chapitre 23, samedi 8 novembre 2025 “Singapour”)