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L'OMBRE DE L'ÉCARLATE (XIII)
- La ligne du temps -

Un cri de colère. C’est la petite fille. Elle essaie de saisir un scalpel posé sur le bureau. Un scalpel sur une sorte de socle où est gravé : “Pour toi, l’ami, souvenir de ton opération — Paul Reclus”. Mais elle n’en a pas le temps, le nuage orangé se dissout.
Le docteur Ballet a du mal à se remettre de cette scène, juste après que l’apparition fille-femme ait... disparu.
— Docteur ? s’inquiète Colette.
Encore sous le choc, l’homme cartésien reste silencieux. Ses yeux sont ceux de quelqu’un qui aurait été forcé à regarder un kaléidoscope sous opium.
Colette, voyant le praticien dans un tel état de trouble, prend la main de sa fille.
— Viens, Madeleine, on laisse le monsieur tranquille.
La petite fille, elle, ne comprend pas trop aussi ce qu’elle a vu. Mais son esprit enfantin, lui, ne l’emmène pas dans des réflexions de remise en cause. Elle sourit même d’avoir vu sa “doublure” aussi forte et puissante face à “l’autre”, la femme adulte.
— Maman ?
— Oui, ma fille ?
— C’était qui, la méchante dame ?
Colette hésite quelques instants à répondre.
— ...C’était... ta grand-mère, Joséphine.
— Ah ?
— Oui... j’ai reconnu ses cheveux rouges.

***

21 décembre 1881, peu avant midi.
L’homme qui a ouvert la porte se présente.
— Bonjour messieurs, je suis Édouard Fabien de l’Estreste, secrétaire particulier de monsieur le député Jarot. Que puis-je pour vous ?
Le commissaire Latue, son haut-de-forme entre les mains, prend sa voix la plus mondaine.
— Bonjour monsieur, nous aimerions nous entretenir avec monsieur le député Jarot.
— Puis-je vous demander à quel sujet ?
— Au sujet d’une enquête de routine, rien de plus. Nous aimerions avoir son avis sur un incident.
Le secrétaire réfléchit quelques instants.
— Je lui ferai part de votre visite dès son retour.
Le commissaire et son adjoint ont cet air dépité de ceux qui ne s’y attendaient pas.
— Ah ? Puis-je vous demander quand il sera de retour ?
— En fin d’après-midi, je dois aller le chercher à la gare de Lyon.
*
— Donne-moi ça, Marcel.
Dans le bureau du commissaire, son adjoint lisait à haute voix Le Figaro, qui relatait le voyage de l’ex-député Baptiste Jarot en visite auprès du secrétaire particulier Raffaello Capovilla, proche de l’un des papabili probables en cas de succession.
— Je ne savais pas que ce pape, Léon xiii, avait succédé au plus long pontificat de l’Histoire... Pie ix... plus de trente et un ans !
— C’est pas ça qui m’intéresse, Marcel. C’est ce Capovilla, ce nom me dit quelque chose.
— Quoi donc, Jérôme ?
— Une vieille affaire que j’ai eue à traiter dans ma jeunesse, avec mon mentor, le commissaire Clément Dieuleveult, en 1822.

***

— Qu’y a-t-il, Antoine ? demande le curé Simon Applegood à son confrère de la religion réformée.
— Une nouvelle aberrante que m’a transmise ce bon Francesco Capovilla. Mon grand-père, Édouard Fabien de l’Estreste, qui fut le secrétaire particulier de Baptiste Jarot, aurait été mêlé à une sombre histoire de meurtre... impliquant sa propre famille.
— Un secret du Vatican ?
— Non... enfin, apparemment non...
*
Juin 1963, au Tibet.
— Alors, Madeleine Jarot ?
— Je suis effarée, Tenzin, dit-elle en l’appelant pour la première fois par son prénom... Il semblerait que ma mère ait voulu me faire interner quand j’avais à peine six ans...
— Mais cela ne s’est “pas” produit.
— Non, en effet... mais alors, qu’est-ce que cela implique ?
À cet instant, Irène, la compagne de Madeleine, entre dans la pièce où Tenzin Dorje et Madeleine Jarot viennent de revenir de leur “voyage”.
— Ma chérie, désolée de t’interrompre, mais on vient de recevoir une lettre de ton frère.
Madeleine semble heureuse, comme délivrée.
— C’est vrai ?
— Comme je te dis.
Elle lui tend la lettre, en lui enlaçant tendrement la taille. Madeleine ouvre et lit, avant de résumer la lettre à sa compagne.
— C’est une excellente nouvelle, Gustave et son compagnon, Marcos, vont venir nous voir cet été.
— Ici ?
— Non... à Paris, ma grande.
*
Un homme d’une soixantaine d’années, le teint hâlé, les cheveux en bataille, est au téléphone dans la cabine publique d’un café non loin de la plage, à San Francisco.
— Marcos, sois tranquille, il faut faire confiance à Kennedy. Il va être réélu, aucun doute là-dessus. Et puis, depuis l’élection de José Sarria, notre premier représentant de la communauté dans un organe politique aux États-Unis, rien ne sera plus pareil.
— Gustave, mon chouchou, c’est Goldwater qui me fait un peu flipper. Et puis ma communauté cubaine est très remontée contre le président.
— Je sais, je sais... Bon, écoute, je dois faire un cours sur la légende d’Arthur, on se voit tout à l’heure chez Mike et John. Faudra aussi qu’on s’organise pour notre voyage à Paris. Ça fait dix ans que j’ai pas vu ma petite sœur et sa fidèle Irène.
— Okay, Gustave, j’arrête de flipper. C’est pas comme si j’avais pris un buvard, après tout.
— T’es vraiment con, mon chéri, rit Gustave avant de raccrocher.
*
Paulette, en train de servir un client, voit arriver un curé et un pasteur.
— Tiens, le voilà ! Alors... le Vatican, mon cher Antoine, mon pasteur favori ?

(suite au prochain épisode...)